Il arrive bien souvent à mon obédience d’entendre des gens dire: «Comment pouvons-nous être croyants si nous n’avons eu ni une expérience, ni un besoin de la foi?» Que dire en réponse? Je dirai que le meilleur moyen de faire naître la foi c’est d’en être l’exemple personnel.
Dans ce sens-là, si on utilise un langage laïque, j’ai eu un peu plus la chance que les autres. Je suis née dans une famille athée, mais jusqu’à l’âge de dix ans j’ai été élevée par ma grand-mère qui était catholique. Elle ne m’apprenait pas à prier, elle priait elle-même. Le matin et le soir elle accomplissait sa simple règle de prière. Cela se passait si simplement et sincèrement que ni moi, ni personne de nos proches, n’a eu une seule fois le moindre désir de lui faire la propagande de l’athéisme. On ne discutait pas avec la grand-mère si Dieu existe, s’il faut Lui croire. Cela était évident. J’aimais beaucoup ma grand-mère, je voyais comment elle aimait Dieu et je la croyais. En tout temps, le Seigneur envoie Son messager à chaque personne pour raconter de Lui.
Une fois, la grand-mère m’a demandé d’aller avec elle à l’église. Je me rappelle avoir eu un sentiment d’une extraordinaire légèreté et de calme. De retour à la maison après l’office Divin, je me suis endormie profondément.
Au cours de nombreuses années après cela, j’entrais de temps en temps à l’église catholique. Un jour, j’ai eu un grand désir de communier. Cela est devenu nécessaire comme de l’air frais. Il me semblait que je mourais, que j’étais toute seule dans ce monde et que la communion seulement pouvait me sauver.
Je suis venue cependant au Calice déjà à l’église orthodoxe. Une vieille connaissance, un homme orthodoxe m’a proposé de faire la chrismation pour devenir orthodoxe. Au début, je ne le comprenais pas, mais voici que je suis venue une fois à la liturgie de la Nativité du Christ. Après l’office, le prêtre m’a parlé. Mon chemin s’est déterminé. Le prêtre m’a dit: «Le Seigneur a donné la grâce par avance, il faudra travailler beaucoup pour cela».
Le temps alors a été vraiment plein de grâce pour moi. J’étais prête à ne pas sortir de l’église, je lisais beaucoup de livres spirituels, je communiais. La tentation n’a pas tardé de venir. Pour mon orgueil, le Seigneur a permis que j’eusse un intérêt pour d’autres religions et courants spirituels. Tout est devenu «clair» dans l’orthodoxie, j’ai vu que les gens à l’église n’étaient pas saints. Mais quelque part, on ne buvait et on ne fumait pas du tout, on méditait quelque part, qu’est-ce que c’est? On étudiait quelque part tous les courants spirituels et, en plus, on apprenait à soigner avec les mains. Tout cela comme si pour le bien de l’homme... Pour l’église il me restait de moins en moins de temps.
Quelques années se sont écoulées ainsi. Le Seigneur a eu pitié de moi. Il m’a conduite dans la Communauté des sœurs laïques de la Charité, m’a donné la possibilité de voir la beauté profonde et stricte de l’orthodoxie sur l’exemple de nos sœurs. Elles vivent par la bénédiction du père André, vivent avec Dieu, vivent spirituellement, sans raisonner sur la spiritualité. Ici, dans la Communauté, j’ai retrouvé dans les prières des moniales et des sœurs de la Charité le même amour sincère vers Dieu que j’ai vu en grand-mère croyante dans mon enfance. Tout est devenu simple, la spiritualité non pas dans des cours et la méditation, mais dans l’humiliation et le repentir.
Je remercie Dieu aujourd’hui pour Son souci paternel sage et de grande patience pour moi, je Le prie pour que je ne perde pas ce que j’ai par Sa grâce.
Gloire à Toi, Seigneur, gloire à Toi!
Sœur Tamara Saprounova