Le retour vers Dieu et le chemin du monachisme de la novice Hélène

28 July 2021

novice Helene

Comment, dans les malheurs de la vie, trouver la réconciliation avec Dieu et garder le lien avec Lui? Comment peut-on entendre Sa voix et comprendre Sa volonté? La novice Hélène parle de son chemin au monastère Sainte Elisabeth.

Voulez-vous parler de votre famille. Quel rôle a-t-elle joué dans votre croissance spirituelle et personnelle?

Ma maman, Nathalie Youdina, est professeure de piano, mon papa, Vladimir Youdine, est militaire. Je suis née en Sibérie, dans la ville fermée de Zhéléznogorsk, dans la région de Krasnoyarsk. Là, tout habitant a son laissez-passer et, directement dans le rocher, il y a un grand combinat minier d’uranium.

famille de novice helena

Mes parents ont fait leurs études à la même école. Après l’école secondaire, papa a terminé l’école militaire et maman – l’école de musique, et ils se sont mariés. Papa a eu beaucoup de déplacements sur la grande étendue du pays. Maman le suivait toujours humblement. Tous les enfants de notre famille sont nés dans des coins différents de la Russie. Je suis née la dernière, la cinquième. Nous avons grandi dans l’amour. Papa et maman n’ont jamais eu de querelles. Je comprends maintenant qu’ils ont sûrement eu des problèmes, des manques de compréhension, mais nous, les enfants, nous n’avons jamais entendu un gros mot. Le week-end, quand il nous arrivait d’être tous à la maison, on préparait ensemble le repas. On prenait les repas ensemble. Ensuite on s’installait sur le lit des parents et on lisait des livres. Je voulais m’amuser et non pas lire. Mais puisque tout le monde était occupé par la lecture, moi aussi, je devais donc lire. Il en est de même au monastère: il est difficile de se tenir debout à la célébration de l’office Divin, mais tout le monde reste debout et cela encourage à se tenir debout jusqu’à la fin. La pratique vient petit à petit.

enfance de novice helena

L’atmosphère d’une famille nombreuse apprend à apprécier la vie tout à fait autrement. On subit une sorte d’épreuve qui montre si on sait partager les choses avec les autres, si on sait céder et écouter les autres. L’amour et le soutien des parents permettent de bâtir une fondation solide de la personnalité. Je suis reconnaissante à mes parents! Cela m’aide beaucoup maintenant au monastère: lorsque trois personnes toutes différentes habitent dans une cellule ‒ trois cosmonautes, chacun venant de sa planète.

Comment avez-vous rencontré le Seigneur?

Bien que ma famille n’était pas du tout croyante, j’avais depuis mon enfance une grande aspiration vers Dieu. Je sentais Sa présence, Sa proximité, un lien avec Lui. J’avais une foi sincère d’enfant, une foi allumée dans mon cœur de façon absolument inexplicable.

novice helene enfance

Il n’y avait pas d’église dans notre ville, mais il y avait une remorque réaménagée en une petite église. On frappait sur un simandre pour annoncer le commencement des offices. J’avais cinq ans. C’était Pâques. En ce temps-là, je ne comprenais pas évidemment ce qu'était Pâques . J’aimais alors courir en bottes en caoutchouc sur les flaques encore glacées . Et voici que j’ai marché sur une flaque, la glace a craqué et j'ai vu quelque chose qui brillait. Je me suis baissée et j'ai ramassé un petit pendentif avec une icône de la Mère de Dieu, au revers de laquelle il y avait une croix! Toute heureuse, j’ai couru vers l’église. Après cela, je suis venue chez maman et j' ai dit: «Tu sais, maman, il faut me faire baptiser». Bien sûr, maman est restée perplexe. Mes sœurs plaisantaient m’appelant une dévote. J’avais pourtant la certitude profonde que ce je faisais était juste.

novice helene avec son amie

Quand j’avais 12 ans, ma maman est morte. Elle était toute jeune, âgée de 47 ans. Je me suis fâchée et j’ai posé à Dieu une condition: me prendre mais nous rendre maman. Je me rappelle allongée en attendant de mourir. Je ne suis pas morte. Je me suis fâchée encore plus, j’ai dit que je n’avais pas besoin de Lui et je Lui ai consciemment fermé la porte.

A 16 ans, je suis tombée gravement malade et je me suis trouvée devant une menace de mort. J’ai été dans de différents hôpitaux. Une opération très risquée pouvait seulement me sauver. Les collègues de mon médecin traitant lui déconseillaient l’opération donnant une chance sur cent que je pourrais survivre. Cependant mon médecin n’a pas eu peur. Elle est venue dans ma chambre et m' a franchement tout dit. L’opération s’est passé avec succès. Je me suis réveillée dans le service de réanimation et voici que ma doctoresse entre, tombe à genoux, embrasse mes mains et pleure: «Hélène, nous avons réussi. C’est un miracle!» C’était la Semaine lumineuse de Pâques. J’ai reçu le baptême juste avant l’opération. En ce temps-là, j’étais en conflit avec Dieu et c’est pourquoi je me suis fait baptiser pour ne pas répondre par un refus. Par la suite, j’ai réalisé que Dieu n’a pas arrêté de se soucier de moi, Il m'a littéralement portée dans Ses bras. Il m’aidait et me conduisait. Mais moi, je me détournais obstinément. J’ai honte maintenant de mon attitude.

novice helene jeunesse

A 22 ans, dix ans après ma rupture consciente avec Dieu, un moment crucial est venu. Une impasse. Le fardeau de péchés accumulés me pesait et me tourmentait. Mais comment revenir ‒ je ne le savais pas. Une femme à mon travail m’a offert un livre du père Jean Krestiankine: «Expérience de la confession». Je lisais une moitié de page par jour, comprenant combien j’étais coupable devant Dieu. Tout comme le fils prodigue qui voulait se nourrir de ce qu'on donnait à manger aux cochons et a compris qu’il était nécessaire de revenir vers son père, mais qui avait peur de revenir parce qu’il avait quitté son père. Je me préparais ainsi à ma première confession. Le Seigneur voit le cœur humain et nous répond tout le temps. Mon chemin pour devenir pratiquante a commencé. J’ai commencé à venir aux offices Divins de l’église la plus proche de mon travail. J’ouvre la porte et je vois un moine avec un encensoir se diriger vers moi. Nos regards se sont rencontrés. «Seigneur, je voudrais avoir un père spirituel comme celui-ci!», ai-je pensé. C’était l’archimandrite Platon qui ensuite est devenu mon père spirituel.

Comment la décision de vous consacrer à la vie monastique a-t-elle mûrie ?

Du point de vue du monde, ma vie s’arrangeait bien. J’ai reçu une bonne éducation, je travaillais et gagnais bien ma vie. Je me suis installée à Moscou, j’ai trouvé un poste dans une banque située au centre-ville. Dieu m’a donné beaucoup de talents: l’aptitude à agir indépendamment, l’agilité de l’esprit. J’arrivais toujours à sortir de toute situation, à ne pas perdre contenance, à me recueillir et aller de l’avant. J’avais toujours une force intérieure en moi. J’étais pourtant loin de Dieu ce qui privait mes actes d’intégrité.

novice helene avant couvent

Dans ma vie personnelle, je ne pouvais pas non plus me déterminer. D’une part, je voulais avoir ma famille, des enfants, je priais Dieu de me donner un mari. D’autre part, je cherchais la solitude, une vie de prière. Il n’y avait personne en ce temps-là, à qui je pouvais demander conseil. Papa m’a dit: «Tu es adulte, décide toi-même». Pourtant je ne pouvais pas me décider par moi-même. Je cherchais la volonté de Dieu, je Lui demandais tout le temps: «Dis-moi Ta volonté. Que Ta volonté soit faite et non pas la mienne. Dis-moi comme dois-je faire».

Peu de temps après, j’ai fait connaissance avec un jeune homme croyant et nous sommes partis voir son père spirituel pour lui demander la bénédiction pour notre mariage. Il était très bien disposé envers moi malgré qu’il était très strict. Il n’a pas donné la bénédiction. J’ai été perplexe: «Comment dois-je faire maintenant?» Il a m'a dit cordialement: «Servir Dieu. Sers la Mère de Dieu et chante Lui». Ensuite, il a ajouté: «Chante Lui et Elle fera tout pour toi. Elle fera tout pour toi Elle-même».

clown a l'hopital

Mon père spirituel, le père Platon, me conduisait vers la pensée du monastère et attendait patiemment que je vienne moi-même à cette décision. Parfois quand je venais à la confession, il me disait: «Tu viens de quel monastère?» et il riait. Une fois, à la confession, je me suis décidée de lui dire que c’était difficile pour moi de me résigner à l’impossibilité de me retirer dans un monastère. Je lui ai dit: «Père, je ne peux pas accepter que vous ne me donniez pas la bénédiction pour le monastère». – «Moi, je ne donne pas ? Je la donne!», a répondu le père Platon. A ce moment, j’ai réalisé: «Père, je n’ai pas compris, vous me donnez la bénédiction?» «Bien sûr!» Impossible de décrire ma joie. Alors je suis allée demander la bénédiction de mon papa. Je lui ai dit: «Papa, bénis-moi pour le monastère». Les larmes aux yeux, il a répondu qu’il n’en savait rien, mais que si j’avais pris cette décision, c’était donc la bonne chose à faire. Et il m’a donné sa bénédiction.

Vous êtes née en Russie et vous y avez vécu la plus grande partie de votre vie. Pourquoi vous avez choisi justement notre monastère?

Dieu m’a fait beaucoup de signes. Une fois, lors d’un pèlerinage à Saint-Pétersbourg, nous sommes venues avec une amie dans un monastère. Il était tard. Nous nous sommes dirigées vers les icônes. Soudain, j’ai senti que le foulard sur ma tête était humide: l’huile avait coulé d’une veilleuse qui se trouvait près d’une icône. Je me suis tournée vers l’amie et je lui ai demandé: «De quelle icône?»«De Sainte Elisabeth», a-t-elle répondu. J’ai tapé le nom dans le moteur de recherche sur Internet et m’a donné ce résultat : monastère Sainte Elisabeth.

voyage a diveevo

Pendant les vacances de Noël, nous étions parties avec l’amie, à Minsk. Le jour de notre arrivée, nous nous sommes retrouvées à l’office du soir à l’église Saint Nicolas du monastère. C’était le temps de l’Avent. A l’office , à la veille du Nouvel an, lors de l’homélie,- je me suis ressentie dans un calme absolu, dans lequel tout à coup a retenti une voix distincte: «Voici ta maison, tu dois rester ici». Avant, pendant tout ce temps la crainte de ne pas vivre selon la volonté de Dieu s'était déjà formée en moi. «Seigneur, c’est vraiment Toi qui me le dis? je pleurais. – Est-ce que j’ai tout bien compris?» Je suis revenue chez moi avec un sentiment nouveau, comme si une nouvelle personne était née profondément dans mon coeur . Tout comme une maman qui garde son nouveau-né, le prend dans les bras, le protège de tout le monde, il en était de même avec moi, je voulais protéger cette nouvelle personne en moi. Je voulais être seule, prier, lire infiniment le psautier, l’Evangile.

Parlez nous de votre vie au monastère. Quels objectifs vous vous êtes posés dans la vie monastique et dans la croissance spirituelle?

A l’arrivée au monastère Sainte Elisabeth, des tentations ont commencé pour moi dans le chœur: je ne pouvais pas prendre les notes nécessaires. Avec mon oreille absolue, je n’arrivais pas à les prendre et c’est tout. Comme si la voix vivait séparément de moi. Chaque fois que je voulais quitter le chœur, je me rappelais ces paroles «Sers la Mère de Dieu» et je m’arrêtais. C’est pour l'humilité: si on ne m’expulse pas, il faut donc rester, chanter et servir. Dès le premier jour au monastère, j’ai eu une obédience à la maison d’édition. Un an et demi après, j’avais déjà une obédience à l’atelier de broderie pour faire du design industriel. Le Seigneur m’a donné cette connaissance et j’ai vite maîtrisé le programme. Cela me plaît beaucoup. Dès mes débuts au monastère, je suis tombée souvent malade. La première année, j’ai subi deux opérations compliquées sous anesthésie. Ensuite, j’ai eu la jambe cassée et j'ai passé un mois en plâtre, j’ai eu mal aux reins et même une arête coincée dans la gorge (elle rit).

voyage en Allemagne

Gloire à Dieu pour tout! Au début du chemin il est nécessaire d’être atteint de toutes les maladies, comme l’enfant tombe souvent malade en maternelle, une sorte d’adaptation. Je m’adapte jusqu’à présent. Donc, je subis des maladies, je travaille comme je peux, gloire à Dieu. Je suis très reconnaissante à Dieu d’être venue justement ici. Mon rêve est d’atteindre le Royaume des Cieux. J’essaie d’élever en moi l’amour universel et l’humilité. Tout se passe par la providence Divine. Même les péchés que le Seigneur nous permet de commettre, ce n’est pas pour rien. Le repentir vient de certains péchés et on commence à plaindre les autres et à ne pas les condamner.

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3 years ago

André Baron

3 years ago
Le Seigneur Jésus et sa Mère vous accompagnent. ☦
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